Manifeste pour une révolution territoriale

Ce manifeste est né du sentiment d’urgence et de la nécessité d’agir. Les mots y sont affirmés, bruts, sans fioritures. Ils traduisent l’impératif d’avancer vite, même s’ils reflètent des mois de réflexion et de doutes.

La santé de la planète est préoccupante. Le monde tel que nous le connaissons présente des risques de mutation qui ont déjà d’importantes conséquences sociales et démographiques. Toutes les régions du monde seront à terme, de près ou de loin, directement ou indirectement, concernées. L’humanité se retrouve face au plus grand défi de son histoire : démontrer que sa capacité d’action lui permettra de répondre à temps à l’ultimatum que la planète lui fixe.

Nous sommes le bureau TRIBU architecture à Lausanne. En tant qu’architectes et urbanistes, écologistes et citoyens, nous nous considérons directement concernés par l’état du monde. Les changements nécessaires n’épargneront pas le territoire. Des actions sont possibles mais elles doivent être plus profondes et plus radicales que les mesurettes qui font aujourd’hui consensus. Nos
propositions pour un projet de territoire donnent un aperçu de la profondeur des changements à réaliser, autant dans l’espace que dans nos têtes.

Nous avons encore une chance de transformer nos pratiques. Depuis plus de vingt ans, les professionnels de l’urbanisme et de l’architecture, dont nous sommes, cherchent des solutions pour un aménagement durable de notre territoire. Nous avons défendu les préceptes du « développement durable », comme ceux de la « transition », mais ces termes ont trop souvent été récupérés pour justifier les projets de green washing les plus insignifiants.

Développement durable et transition supposent une évolution qui s’inscrit dans la durée. Nous avons besoin de temps mais n’en avons pas. C’est pourquoi nous proposons avec ce manifeste de dépasser ces notions et appelons à l’écologie sans transition 2, à l’action et à la révolution.

Nos pratiques professionnelles sont soumises aux mêmes tiraillements. Elles se situent à cheval entre un monde et le suivant, entre la théorie et la pratique, entre des choix citoyens et professionnels, entre l’urgence écologique et le temps nécessaire à l’assimilation de tous ces concepts. Nous choisissons d’accepter ces paradoxes et invitons le lecteur à faire de même. Ce sera toujours mieux que l’inaction.